Entre « village et tuilerie »
l'art de vivre en banlieue


   Les Parisiens et les (frais) résidents secondaires prononcent« Mé-né-treux» en détachant bien les syllabes, avec les accents aigus là où il faut. Les gens d'ici, les vieux de la vieille, préfèrent parler de« Menétreux ».Tous se rejoignent, en tout cas, pour vanter les vertus de leur village qui domine la plaine des Laumes...

   Au moins en partie. Celle de Ménétreux « le haut », Ménétreux le village. Car les habitants de Ménétreux-la-Tuilerie ne sont pas plus au dessus du niveau de la mer...et du canal de Bourgogne que toute la population de Venarey Les Laumes réunie ! C'est le charme du bourg que cette dualité, réaffirmée par une décision du conseil municipal prise à l'hiver 1992, qui donnait deux noms aux hameaux constitutif de Ménétreux.

   A propos de nom, le village doit très vraisemblablement le sien au latin Monasterium, le petit monastère ou les dépendances d'un monastère. Courtépée signale le village au XIIe siècle, lorsque les villageois construisent le premier sanctuaire dédié à saint Valentin. Au siècle suivant sont cités Jean et Guy de Ménétreux et les « Pitois », seigneurs des lieux.

   Il faudra attendre 1578 pour qu'un château, digne de ce nom, soit édifié par Claude de La Trémouille-Bresche. (Il a été converti en maison de repos et colonie de vacances du métro de Paris). Un crime? Non. Car peu avant la Révolution, Charles Claude de Vichy avait rasé le bâtiment originel pour le reconstruire. Et lorsqu'un Parisien, M. Cuhaut, acquit les murs en 1885 avant de se ruiner pour démontrer aux vieux paysans comment construire une ferme-modèle, il avait été sévèrement blâmé par le conseil municipal qui le voyait surexploiter ses carrières... Le début du siècle à Ménétreux aura surtout été marqué par l'arrivée de l'abbé Janniaux qui, durant des décennies, va soigner les malades les plus incurables de France et de Navarre grâce à ses plantes.

   Le second événement qui est resté ancré dans la mémoire villageoise, c'est la création de « la tuilerie », en 1860, par M. Fénéon. Elle compta jusqu'à 100 ouvriers peu avant la Seconde Guerre mondiale. Il n'en subsiste pratiquement plus rien aujourd'hui. Parmi les curiosités géologiques que compte Ménétreux-le-Pitois, on notera la caverne du Bonnet rouge, excavation naturelle dans le roc de la montagne d'où l'on retira, voici quelques dizaines d'années, des squelettes de bœufs, de cerfs, de chevaux et d'hommes dont le; crâne ne présentait aucune ressemblance avec celui des races occidentales. Bigre ! Faute d'avoir percé le mystère de ses premiers occupants, Ménétreux s'est résolu, aujourd'hui, à servir de confortable banlieue à la cité de Venarey Les Laumes. Non sans s'enorgueillir de sa propre zone d'activités (2 ha environ) dont les trois premiers lots vendus ont permis de sauver quelques emplois sur la commune... et de dégager des taxes professionnelles.

Source: M P. Carmaran Le Bien Public 12/07/2003